Exposition du 12 janvier au 10 février 2018
Horaire Salle Crosnier (jours fériés inclus)
Mardi–Vendredi 15:00 – 19:00
Samedi 14:00 – 18:00
Lauriers
Laurier Merveille
Certains arbres sont compétitifs, d’autres collaboratifs. D’autres encore sont timides. Les eucalyptus font partie de ces derniers. Dans les bois, leurs branches ne s’imbriquent pas, leurs feuilles ne s’effleurent pas. Des interactions discrètes se déroulent entre elles, tandis que les racines se touchent sous terre, en secret. Dans ce dialogue dérobé, aérien et souterrain, se tisse la syntaxe sophistiquée d’une rencontre qui n’en finit pas d’advenir. Si les arbres poussent ensemble, c’est que dans le vide de l’espace, les choses peuvent coexister et dans la monotonie du temps, les choses peuvent se transformer. Parfois, ces choses se rencontrent et tant elles se rencontrent qu’elles fabriquent du complexe, de l’infiniment complexe. Mais la complexité est une affaire collective: elle ne se saisit qu’en regardant l’ensemble et en regardant vers le haut. Et c’est justement là-haut que le phénomène curieux se révèle à nos yeux, dans un spectacle de géométrie fractale. Les couronnes des eucalyptus s’accordent sur une répartition équitable de l’air et de la lumière, négociant les espaces entre eux comme les mots négocient leurs intervalles. Cependant que nous regardons vers le haut, nous paraphrasons l’idiome des eucalyptus afin de le décoder, si bien qu’à l’écrit, une rose est une rose est une rose, à l’oral, le laurier est une femme puis un arbre puis une femme. Faute de vocabulaire, les motifs se répètent et pourraient se répéter à l’infini. Pourtant, la pensée est un chinois qui compte, nous dit Gertrude Stein, et pour cette raison il n’existe pas de répétition, seulement de l’insistance.
Lucas Cantori & Camilla Paolino
Avec le soutien de
Fonds Claudine et Sven Widgren